Alors que les Williams se transformaient en un enfer en plein air sur le circuit de Zandvoort trempé de pluie, James Vowles savait qu’il devait agir rapidement. Le pilote américain sous-performant Logan Sargeant était hors course, et avec seulement quelques jours avant le Grand Prix d’Italie, Williams a recruté le talent argentin Franco Colapinto pour le remplacer. Peu de gens avaient entendu parler de Colapinto, mais sa performance en Azerbaïdjan et sa capacité à maintenir Alex Albon sur ses gardes ont prouvé que Williams avait peut-être frappé or avec ce mouvement audacieux.
Le remaniement en milieu de saison chez Williams fait partie d’une riche tradition en Formule 1, où des situations désespérées et des échanges de pilotes inattendus peuvent complètement changer le cours d’une saison — ou d’une carrière. Plongeons dans quelques-unes des instances les plus mémorables où des rookies ont pris la relève et réécrit l’histoire, en commençant par nul autre que Max Verstappen.
Max Verstappen : Le pari de Red Bull paye (2016)
À seulement 18 ans, Max Verstappen a fait l’histoire en devenant le plus jeune vainqueur de course de la Formule 1 lors du Grand Prix d’Espagne 2016. Après un début prometteur avec Toro Rosso, Verstappen a été soudainement promu chez Red Bull, remplaçant le maladroit Daniil Kvyat. Le Russe avait perdu la faveur après deux incidents désastreux avec Sebastian Vettel lors de courses consécutives.
Le débuts de Verstappen avec Red Bull ont été tout simplement légendaires. Partant de la quatrième position, il a profité d’une collision entre les coéquipiers de Mercedes, Lewis Hamilton et Nico Rosberg, pour passer en seconde position. Red Bull a divisé les stratégies, mais c’est Verstappen qui a gardé son sang-froid, tenant à distance Kimi Raikkonen de Ferrari pour remporter sa première victoire. Sa promotion s’est révélée prophétique, car il est devenu la force dominante du sport, remportant trois championnats du monde à l’âge de 26 ans.
Michael Schumacher : La percée belge (1991)
Dans l’un des moments les plus inhabituels et décisifs de l’histoire de la F1, Michael Schumacher a été recruté par Jordan pour remplacer Bertrand Gachot juste une semaine avant le GP de Belgique 1991. Gachot s’est retrouvé derrière les barreaux après un incident de rage au volant à Londres, laissant l’équipe Jordan naissante sans pilote.
Schumacher n’avait jamais piloté sur le circuit de Spa-Francorchamps, mais cela ne l’a pas empêché de se qualifier à une incroyable septième place. Bien que sa course se soit terminée après un seul tour en raison d’une défaillance de l’embrayage, sa performance a suffi à attirer l’attention du patron de l’équipe Benetton, Flavio Briatore, qui l’a immédiatement engagé. Le reste, comme on dit, appartient à l’histoire : Schumacher allait devenir sept fois champion du monde et l’un des pilotes les plus emblématiques du sport.
Robert Kubica : De pilote de réserve à vainqueur de course (2006)
La montée en célébrité de Robert Kubica a commencé lorsque Jacques Villeneuve, se remettant d’un accident brutal lors du GP d’Allemagne, n’a pas pu courir au GP de Hongrie. BMW Sauber a choisi Kubica pour remplacer Villeneuve, et le pilote polonais a livré une performance impressionnante, dépassant son coéquipier Nick Heidfeld en qualifications et terminant septième—pour finalement être disqualifié en raison d’une voiture sous-pondérée.
Deux courses plus tard, Kubica a fait l’histoire en devenant le premier Polonais à monter sur un podium de F1, terminant troisième à Monza. En 2008, il a remporté le GP du Canada à Montréal, mais un accident lors d’un rallye en 2011 a mis un frein à sa carrière en F1. Bien qu’il soit revenu dans le sport en 2019, c’est dans la course de voitures de sport que Kubica trouverait un succès durable.
Patrick Tambay : Le Sauveur Émotionnel de Ferrari (1982)
Après la mort tragique de Gilles Villeneuve lors du GP de Belgique en 1982, Ferrari s’est tourné vers l’ami de Villeneuve, Patrick Tambay, pour combler le vide immense. Le retour de Tambay dans le sport était loin d’être ordinaire—il avait quitté la F1 plus tôt dans l’année en signe de protestation contre des disputes concernant les superlicences. Pourtant, Ferrari l’a rappelé, et bien que ses débuts au GP des Pays-Bas aient été discrets, la victoire de Tambay au GP d’Allemagne, quelques semaines après l’accident de Didier Pironi, a été un coup de fouet moral très nécessaire pour l’équipe.
La victoire de Tambay à Imola en 1983, en l’honneur de Villeneuve, reste l’une des victoires les plus émouvantes de Ferrari. Ses résultats ont aidé Ferrari à sécuriser le Championnat des Constructeurs de 1982.
Jean Alesi : Le Mauvais Sponsor, Le Bon Pilote (1989)
Michele Alboreto a été libéré par Tyrrell après avoir terminé troisième à Mexico pour une raison aussi étrange que significative : il avait le mauvais sponsor de tabac. Tyrrell était sponsorisé par Camel, tandis qu’Alboreto était soutenu par Marlboro, ce qui a conduit au départ soudain de l’Italien.
Entre Jean Alesi, un jeune pilote fougueux de la Formule 3000. Bien que cela devait être une apparition unique au GP de France, Alesi a stupéfié le peloton en terminant quatrième. Son style de conduite agressif lui a rapidement valu un siège à temps plein, et il a ensuite connu une carrière en F1 riche en événements, bien que tumultueuse.
Que ce soit un changement de pilote en milieu de saison ou une équipe essayant de se relever du bord du gouffre, l’imprévisibilité de la Formule 1 a souvent produit des moments de brillance et de chagrin. Alors que Franco Colapinto prend sa place chez Williams, il rejoint un groupe élite de pilotes propulsés sous les projecteurs—et seul le temps dira s’il fera lui aussi l’histoire.