La décision de Renault d’arrêter la production de moteurs de Formule 1 dans son usine de Viry-Chatillon d’ici la fin de 2025 a suscité l’indignation parmi les employés. Ce mouvement, confirmé après des mois de débats internes, signale le retrait du Groupe Renault de la production de moteurs F1, avec un potentiel accord client avec Mercedes pour 2026 en cours de négociation. Cependant, cette décision a rencontré une forte résistance, notamment de la part du CSE (Comité Social et Économique) de Viry, qui représente les employés se sentant trahis par la direction de Renault.
Malgré les manifestations, y compris une organisée lors du Grand Prix d’Italie à Monza, le PDG du Groupe Renault, Luca De Meo, a poursuivi le plan, invoquant des préoccupations financières. Selon la déclaration du CSE, la décision ignore l’expertise et le dévouement du personnel de Viry et sacrifie le développement prometteur du moteur RE26, qui était destiné aux nouvelles réglementations F1 de 2026.
“Tous les représentants du personnel, représentant la voix des employés et une majorité des parties prenantes, regrettent et déplorent la décision d’arrêter les moteurs F1 en 2026,” indique la déclaration. Les employés estiment que Renault a pris une décision précipitée sans mener une étude approfondie sur la manière dont la fin du programme de moteurs F1 pourrait affecter les ventes et le prestige de la marque.
La direction de Renault justifie ce mouvement comme un moyen de réduire le risque financier, ce qui pourrait permettre d’économiser 90 millions de dollars par an sur le développement des moteurs. Cependant, le personnel de Viry, responsable du développement de l’unité de puissance F1 de Renault, soutient que des solutions ont été ignorées. Le personnel a proposé des partenariats alternatifs qui auraient pu réduire les coûts tout en maintenant le programme F1 et en préservant les emplois, mais ceux-ci ont été rejetés par la direction.
Avec le changement de focus vers d’autres projets comme le programme Hypercar d’Alpine dans le Championnat du Monde d’Endurance de la FIA et l’expansion de la marque de voitures de route Alpine, les employés de Viry s’inquiètent pour l’avenir du site. Le CSE avertit que le « manque de maturité » de ces nouveaux projets et la méfiance envers la direction pourraient entraîner la perte de compétences critiques. Ils estiment qu’à partir de janvier 2025, le nombre de personnel à Viry passera de 500 à seulement 334.
« L’histoire du site de Viry montre que des décisions contradictoires ont souvent été prises, et démontre l’importance de maintenir des compétences hautement qualifiées pour l’avenir afin de laisser la porte ouverte à un retour en F1 lorsque les règlements et le contexte financier de l’actionnaire le rendront plus attractif, » a déclaré le CSE, soulignant que Renault pourrait sacrifier un potentiel à long terme pour des économies à court terme.
L’annonce survient malgré le développement continu par l’équipe de Viry d’un moteur F1 pour 2026, qui ne sera désormais pas utilisé. « Cette décision à contre-courant fait manquer à Alpine son histoire sportive, » a remarqué le CSE, exprimant une profonde frustration face au pivot de Renault loin de la Formule 1.
Les employés de Viry appellent les autorités publiques à intervenir, car ils craignent pour leurs emplois et l’avenir du site. Avec des représentants du personnel donnant un avis unanimement défavorable sur le projet de transformation, les répercussions de cette décision pourraient résonner à la fois dans le secteur du sport automobile et dans celui de l’automobile.
Pour l’instant, le programme F1 d’Alpine va devenir une équipe cliente, s’appuyant sur des unités de puissance externes alors que Renault quitte le monde du développement de moteurs F1. Alors que l’équipe se prépare pour une nouvelle ère avec des moteurs Mercedes, beaucoup à Viry se demandent ce qui aurait pu être si Renault avait maintenu son héritage en F1.