La bataille pour le Rallye de Suède s’annonce déjà comme un thriller, avec trois leaders différents tout au long de l’action de vendredi et cinq pilotes séparés par seulement 9,1 secondes. Elfyn Evans détient une mince avance de 0,6 seconde sur son coéquipier Toyota Takamoto Katsuta, tandis que Ott Tänak, Adrien Fourmaux et Thierry Neuville restent fermement en lice.
Avec des conditions imprévisibles, de nouveaux pneus Hankook et une pression incessante, ce rallye est loin d’être terminé.
La Tension des Pneus : Un Pari à la Monte Carlo
Debout au départ de SS2 Bygdsiljum, l’atmosphère ressemblait plus à Monte Carlo qu’à la Suède. Personne ne savait exactement comment leurs pneus Hankook se comporteraient sur le terrain glacé et enneigé.
Kalle Rovanperä, connu pour son contrôle de voiture magistral, a eu plus de difficultés que prévu avec le nouveau caoutchouc et a admis que ses choix de réglage avaient aggravé les choses. Le double champion se retrouve inhabituellement à la traîne en sixième position, à la recherche de rythme.
Son compatriote finlandais Sami Pajari a reçu une leçon brutale sur la gestion des pneus lorsqu’un léger contact avec une banque de neige a fait sauter son pneu arrière du jante, le laissant confus :
“Pour moi, cela ressemblait à un choc très normal contre la banque de neige, comme ce qui se passe lors des rallyes sur neige. Cela ne semblait pas si étrange. Mais d’une manière ou d’une autre, le pneu est tombé. Donc maintenant, nous devons juste continuer à avancer.”
L’adaptation des pneus est devenue le facteur déterminant de l’action de vendredi, avec Tänak qui le résume le mieux :
“Nous savons que sur la neige, ils ne fonctionnent pas. Sur la glace, ils fonctionnent assez bien, mais la fenêtre est assez petite. Nous devons juste nous adapter et nous améliorer.”
Les prévisions de samedi suggèrent de meilleures conditions avec une base de glace plus solide, mais les chutes de neige pendant la nuit pourraient toujours mettre des bâtons dans les roues des plans de tout le monde.
Evans mène le peloton—Mais pour combien de temps ?
Elfyn Evans est l’homme à battre, ayant l’air calme, posé et confiant dans sa Toyota. Malgré une concurrence féroce, il a mené la plupart du rallye jusqu’à présent, montrant un niveau de constance qui l’a tenu à l’écart des problèmes.
« Comparé à l’année dernière, c’est beaucoup mieux », a réfléchi Evans.
« Nous savions que la pénalité devrait être inférieure à celle des années précédentes. L’année dernière, nous étions premiers sur la route, et c’était un désastre – perdant 30 secondes par étape. Cette fois, nous avons réussi à trouver notre chemin à travers cela. »
Le patron de l’équipe Toyota, Jari-Matti Latvala, a admis qu’il avait sous-estimé Evans, s’attendant à ce qu’il ait des difficultés – mais il est complètement impressionné :
« Je pensais avant le rallye qu’Elfyn souffrirait, qu’il ne pourrait pas se battre pour la victoire. Mais j’avais tort – il a fait un travail incroyable. »
Katsuta et Tänak maintiennent la pression
Katsuta, quant à lui, joue sur le long terme. Bien qu’il ait le rythme pour pousser plus fort, il sait qu’avec ces pneus, une mauvaise estimation pourrait coûter cher :
« Bien sûr, c’est très agréable d’être dans la bataille », a déclaré Katsuta.
« Je n’ai rien fait de fou aujourd’hui, je me sens à l’aise. Peut-être que je pourrais faire certaines choses mieux avec les changements de pneus, mais sinon, tout va bien. »
Latvala, cependant, a émis un rappel de prudence au pilote japonais, rappelant son accident d’une position similaire l’année dernière :
“Je pense que je vais rappeler quelque chose à Taka… parce que l’année dernière, il se battait pour la victoire et a fini dans une congère. Cette fois, je veux que le combat dure jusqu’au dernier jour.”
Et puis, il y a Ott Tänak—l’as de Hyundai qui a été dans le coup toute la journée mais a ressenti qu’il était trop conservateur avec sa stratégie de pneus en début d’après-midi. Malgré cela, il est à seulement 2,5 secondes de la tête à la troisième place.
Les chevaux noirs de Hyundai—Fourmaux et Neuville en embuscade
Adrien Fourmaux a été l’une des révélations du rallye, maintenant sa Ford bien à portée de main à seulement 7,9 secondes derrière Evans.
“C’est mon cinquième rallye sur neige, donc je n’ai pas beaucoup d’expérience,” a admis Fourmaux.
“Mais j’ai eu de bons entraînements pendant l’hiver—conduire des voitures à l’ancienne sur neige en France.”
Pendant ce temps, Thierry Neuville adopte une approche plus mesurée :
“Des risques ? Je ne veux pas prendre de risque, non,” a-t-il déclaré.
“Je veux avoir une course propre. Probablement me faire confiance et suivre mon instinct.”
Affrontement de Samedi : Qui est Prêt à Tout Risquer ?
Avec cinq pilotes dans un écart de 9,1 secondes, samedi sera une zone de guerre. La gestion des pneus, la conduite précise et une volonté de prendre des risques seront les facteurs décisifs.
“Les cinq premiers, nous sommes tous dans une position de départ similaire maintenant,” a noté Katsuta.
“J’attends cela avec impatience.”
Et il n’est pas seul. La lutte pour le Rallye de Suède ne fait que commencer.